L’accès gratuit à la lecture est un bien commun
Soutien aux bibliothèques publiques américaines menacées de fermeture par l’administration Trump
Le CID Fraen en Gender, le CITIM et l’oekobib s’associent pour marquer leur solidarité inconditionnelle envers les bibliothèques publiques américaines face à l’agression sans précédent dont elles sont l’objet.
La bataille sans merci qu’entend mener l’administration Trump contre toute forme de savoir ou de pensée qui ne rentre pas dans sa vision du monde a pris un tournant nouveau ces dernières semaines avec une attaque en règle contre les bibliothèques publiques aux États-Unis.
Le président américain veut réduire au maximum les subventions allouées à l’Institut des services des musées et des bibliothèques, la plus importante agence fédérale du secteur. Il a formalisé cela dans un décret publié le 14 mars, provoquant de vives réactions dont celle de l’American Library Association qui a décidé de se battre contre cette décision arbitraire devant une cour fédérale : la situation reste extrêmement précaire mais l’ALA a pu obtenir le soutien de Democracy Forward, une organisation non partisane qui entend se battre avec des moyens juridiques contre les décrets de l’administration Trump.
La pression mise sur les bibliothèques publiques américaines ne date cependant pas de l’élection de Trump. En effet plusieurs mouvements conservateurs proches du parti républicain avaient organisé dès 2022 des campagnes de censure ‘book bans’ visant à empêcher les bibliothèques proposer à leurs lecteurs des ouvrages jugés trop « woke » c’est-à-dire impliquant des personnes LGBT, des mentions à l’esclavage ou des ouvrages scientifiques établissant la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique.
Cette vague d’intimidation et de harcèlement qui a commencé sous la présidence Biden s’est parfois concrétisée jusqu’à l’agression physique des bibliothécaires dont le seul tort était de proposer une diversité de lecture à leurs usagers. Ces agressions physiques, par intolérance politique ou religieuse s’ajoutent aux innombrables difficultés auxquelles sont confrontés les personnels des bibliothèques publiques. Plus que l’accès gratuit aux livres, films et autres produits culturels, ces lieux sont souvent les seuls à assurer des missions de service public vitales pour toute une population précaire, dont l’accès gratuit à des toilettes, des ordinateurs connectés à internet etc. Selon l’institut Pew Research, environ 77 millions d’Américains dépendent chaque année des bibliothèques publiques pour un accès à internet. À Dallas, au Texas, par exemple, près de 3,9 millions de ressources numériques ont été empruntées à la bibliothèque publique rien que l’année dernière, ce qui prouve que ces institutions restent des passerelles essentielles vers les possibilités numériques, en particulier pour les familles économiquement défavorisées.
Cette censure contre les livres et les bibliothèques n’est pas une exclusivité américaine: plus proche de nous, le dirigeant hongrois Viktor Orban applique le même type de censure sur les livres traitant de thématiques LGBT.
« La richesse de notre civilisation, la profondeur de la conscience que nous avons des fondements de notre culture, et notre préoccupation de l’avenir peuvent être appréhendées à l’aune du soutien que nous consacrons à nos bibliothèques. » avait déclaré le grand astronome Carl Sagan.
A l’heure où la production et diffusion à grande échelle de fausses nouvelles et de théories du complot menacent la cohésion sociale et dont le gouvernement luxembourgeois s’est a juste titre inquiété via la motion déposée par le député André Bauler le 18 mars dernier, nous rappelons que les bibliothèques publiques sont plus que jamais indispensables pour proposer à la population sans discrimination d’aucune sorte l’accès à la culture, la connaissance, et la diversité des opinions.